Mon premier voyage à Kinshasa

by Innocent MWENDO (Congo Democratic Rep)

A leap into the unknown Congo Democratic Rep

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« Depuis ce temps où j’ai su lire, j’écris. Puis, j’aime voyager pour explorer le monde… » J’habitais à Rumangabo, un petit village proche du Parc de Virunga. Ma famille était pauvre. Elle ne vivait que de l’agriculture. Mais, elle avait réussi à m’inscrire à l’école. Je ne jouais pas au foot. Je allais moins aux promenades. Je ne sentais qu’une passion : l’écriture. J’avais à peine écrit quelques livres. J’étais un peu connu à cause de ça malgré quelques lacunes. Un soir, alors que je revenais du champ pour cultiver, mon téléphone sonnait. C’était Etienne, le Directeur Culturel de l’Institut Français de Kinshasa qui m’invitait à la septième fête du livre francophone. Je fus comblé de joie. Je ne pouvais plus douter de moi. Alors, il fallait y aller ! C’était une occasion rare à ne pas louper ! Comme il ne restait qu’une semaine. Je me préparais conséquemment. Laisse-moi vous raconter : « La RDC est trop grande pour les voyageurs. Pour aller à Kinshasa, il faut au minimum un avion qui vole 3h 50’. On traverse les nuées, laissant en bas des lacs. Voilà, ce que j’ai pu voir lors de mon premier voyage». J’avais fait dans la nuit des temps des séjours ; dans les campagnes et dans les collines. Mais, ce n’est pas pareil à la ville ! Là, des voitures et motos klaxonnent, et des passants font plus des brouhahas. Mon cœur battait à la veille de mon voyage : Rumangabo-Goma, je me disais qu’après le bus, je serai à bord d’un avion. Je me rappelle : De bonne heure, je quittai mon quartier, je pris un bus. La route était à part entière garnie de nombreux nids de poules. Je me sentais bien malgré les secousses. J’étais parti avec ma valise qui contenait d’habits et chaussures et, en mains, un sac qui contenait une feuille de route et une invitation pour la Fête du livre de Kinshasa. Le voyage était long. Pour un bon chauffeur, 5 heures suffisent pour arriver à Goma. Nous partîmes dans un bus encore affamé de la clientèle. Le chauffeur s’arrêtait partout. Merde ! J’étais impatient d’arriver en ville pour mieux me préparer pour le prochain vol. Mais, il pleuvait avant qu’on y arrive. J’entrevoyais dans les vitres, des piétons au bord de la route et des vaches dans les pâturages. Tellema ! Nous étions devant une barrière fermée. Des soldats réclamaient des documents pour chaque citoyen. Ainsi, nous étions tous contraints de descendre. Après un contrôle, nous continuons la route. Après une heure, nous voilà arrivés à la gare de Goma. Je traversais vite le quartier Majengo vers la résidence de Timothée, mon grand-père. Le vol était prévu pour dimanche 11h50’. Etienne m’avait déjà averti. Cet homme me paraissait généreux. C’est grâce à lui que j’avais foulé mon pied dans un avion. Le samedi, toute la journée, j’arrangeai mes affaires. Le jour suivant, je me précipitai à l’aéroport de Goma avec mon oncle pour vite obtenir les documents de voyage. Puis, j’allais me reposer dans la salle d’attente. Je voyais devant nous un avion prêt pour le départ. Seulement, il attendait le moment d’embarquement pour dire alors au revoir Goma ! Quelques heures après, il décolla. J’étais assis entre deux hommes. Je ne voulais pas me comporter comme un badaud. Seulement, j’essayai d’entrevoir au travers les fenêtres des nuages qui passaient. Cet oiseau battait vite ses ailes. Finalement, nous nous arrivâmes à l’aéroport de Ndjili. Etienne y avait dépêché un chauffeur pour m’attendre et me conduire à la Halle de la Gombe. J’avais plus aimé l’architecture des maisons et détestais l’engouement des personnes dans les rues. Les routes étaient bien asphaltées contrairement à Goma. Aussitôt arrivé à destination, je me douchai un instant, avant de serrer la main d’Etienne, cet homme philanthrope qui m’avait convié. Je n’avais pas assez de mots pour lui remercier. Mon cœur nourrissait un sentiment de joie. Grâce à lui, j’avais rencontré plusieurs auteurs locaux et étrangers au cours des ateliers et débats. Merci Etienne. Après cinq beaux jours, je rentrais. Depuis lors, je garde tant de souvenirs pour cette ville.